Frédéric Khodja et la chapelle de Flarembel

L'église de Flarembel

Sur la commune de Cassaigne, non loin de Flaran, une petite chapelle entourée d’un cimetière, surplombe légèrement un paysage vallonné de champs, de bois, de près et de vignes.
Dédiée à St Michel – dont une statue remarquable est visible à l’intérieur-, elle est signalée dès le XIème siècle comme l’église du vieux village de Flaran (Flarembel viendrait de Flaran Bieil, comme inscrit sur la carte de Cassini).
Puis elle devient au XIIIème siècle la chapelle des seigneurs du château de Léberon, demeure ancienne, remaniée à la Renaissance (fenêtres à meneaux, magnifique charpente et restes de fresques du XVIème siècle), dont la masse sévère la domine. Cette chapelle, de 20 mètres sur 13, présente un petit clocheton ponctuant un mur aveugle., un grand auvent ou caquetoire, avec une double litre armoriée sur les murs extérieurs ; au décès d’un seigneur du château, on disposait ses armoiries sur une bande de peinture noire. On peine quelque peu aujourd’hui à la repérer.
L’ensemble du château et de la chapelle, accompagné d’arbres majestueux offre une sérénité et un charme discret.

 

Frédéric Khodja

Né en 1964, vit et travaille à Caluire-et-Cuire (Rhône)
https://dda-auvergnerhonealpes.org/fr/artistes/frederic-khodja/oeuvres
https://frederickhodja.org/
« Élaborés selon des moyens élémentaires et presque génériques, ceux du dessin ou du collage, les travaux de Frédéric Khodja construisent un univers de fiction à la fois littéraire, artistique et légendaire. Dans une variété extrême de formats, passant de la carte postale aux feuilles vastes comme bras ouverts, l’artiste déroule une galerie d’images, un répertoire de sujets, dont une part importante peut être rapportée à la
description de lieux.
Le vocabulaire qu’il utilise dans les dessins, monochromes noirs ou verts, avec quelques incursions dans des harmonies colorées à tonalité sourde, mais aussi et surtout le traitement graphique à traits serrés, confortent cette impression d’univers clos qui aurait une cohérence invisible, ou plutôt indicible. » […]
Extrait de De mémoire de dessin, Françoise Lonardoni, Catalogue de l’exposition Une chambre à soi, Le Polaris, Corbas, 2011.
Ses expositions récentes incluent : Musée d’art moderne de Collioure (2024), Chapelle du Quartier Haut, Sète (2021), Le Cloitre Art Contemporain, Lyon (2024), Galerie Françoise Besson, Lyon (2024, 2017).
Frédéric Khodja est représenté par la Galerie Tokonoma, Béziers ; la Galerie Michel Descours, Paris ; la Galerie Fabrice Galvani, Toulouse et la Galerie Dijla, Bagdad, Amman.
Frédéric Khodja imagine la production d’une nouvelle oeuvre constituée d’un ensemble de diapositives retravaillées avec la superposition d’autres images à partir d’archives historiques et personnelles, autour du territoire du Gers. Une partie de ses dessins de la série Panorama, dessins au pastel sec, seront exposés dans la Chapelle de Flarembel, pour un écho aux paysages environnant la chapelle nous projetant dans une sensation de survol onirique.

Paysages aveuglés 1, Encres sur toile 60 x 80 cm
Le ciel est si peint que je ne le regarde pas Galerie Françoise Besson, Lyon, 2014
Grands paysages aveuglés Peintures, 2024 Encres sur toile 60 x 80 cm
Structure relationnelle 27 Encres sur papier aquarelle 300 gr 30 x 40 cm 2022

Un lieu et des présences

Frédéric Khodja associe différents procédés fictionnels en s’immisçant dans l’existant du lieu. Il réactive le silence et les voix en un scénario elliptique.

Dans la nef, un seul banc, parmi ceux alignés sur les dalles de pierre, est peint en écho à la palette bleu-rose-vert-or d’une applique retrouvée dans la chapelle. Il vient ainsi habiter l’espace d’une présence mobile qui contrarie l’ordonnancement hiérarchisé du culte. Dans la sacristie, où d’ordinaire l’image est absente, les murs abîmés par les marques du temps dessinent une cartographie silencieuse ponctuée de petits ciels peints. D’un point à l’autre, les couleurs font lien. C’est sous le caquetoire que s’animent les voix en une mélopée tout juste perceptible.
Il s’agit de la transcription, pas strictement réaliste, de la performance publique donnée lors de l’inauguration. Frédéric Khodja y active une de ses Fictions Géographiques nommée ici Car-où-ciel, en référence au carrousel de diapositives ainsi qu’aux ciels peints de la sacristie. Ces images, raccordements iconographiques sensibles, réalisées à partir d’archives historiques et de clichés personnels, sont le prétexte à faire
parler. Il est question d’infuser des histoires dans l’histoire, de mêler les voix et les rires.